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Le Coup de Force de Kaïs Saïed en Tunisie

GEW Intelligence Unit (Série : Tunisie Année Zéro)

Le président tunisien Kaïs Saïed a entrepris une série d’actions controversées qui ont été interprétées par beaucoup comme un coup d’État contre la démocratie en Tunisie. Voici un résumé détaillé de ce qu’il a fait et des raisons invoquées pour justifier ses actions.

Actions Entreprises par Kaïs Saïed

Projet: retour de la dictature

1. Assomption des Pouvoirs Exécutifs:

Le 25 juillet 2021, Kaïs Saïed a déclaré qu’il assumerait les pouvoirs exécutifs du pays. Il a limogé le Premier ministre Hichem Mechichi et suspendu le Parlement. Il a également annoncé la levée de l’immunité des parlementaires et pris le contrôle du Parquet général[1][3].

2. Dissolution du Conseil Supérieur de la Magistrature:
En février 2022, Saïed a dissous le Conseil supérieur de la magistrature, un organe indépendant créé après la révolution de 2011 pour protéger les juges de l’influence gouvernementale. Il s’est octroyé le pouvoir de révoquer les juges sans préavis, ce qui a conduit à la révocation de 57 juges en juin 2022[3].

3. Révision de la Constitution:

Saïed a révisé la Constitution de 2014, adoptée après la révolution. La nouvelle constitution, adoptée par référendum le 25 juillet 2022, affaiblit l’indépendance judiciaire, accorde au président le droit de déclarer un état d’urgence illimité et de gouverner sans contrôle, et permet potentiellement à l’État de restreindre les droits de l’homme sur des motifs religieux vagues[3].

4. Répression des Voix Critiques:
Depuis son coup de force, Saïed a utilisé des décrets-lois pour museler les voix critiques, procéder à des arrestations arbitraires et intervenir dans le système judiciaire. Ces actions ont été accompagnées de discours de haine et d’un climat de peur[3].

Raisons Invoquées

1. Crise Socio-Économique:
La Tunisie faisait face à une grave crise socio-économique, exacerbée par la pandémie de COVID-19. Le système de santé était submergé, et le pays était accablé par une dette publique énorme, atteignant 100 % du PIB. Le mécontentement populaire était élevé en raison de la gestion inefficace de ces crises par le gouvernement[1].

2. Dysfonctionnement du Gouvernement:
Saïed a justifié ses actions en affirmant que le gouvernement était paralysé par l’incompétence et l’incurie de la classe politique. Il a exprimé son obsession pour l’instauration d’un système de « démocratie directe » et a critiqué les processus démocratiques existants comme étant trop lents et sources de problèmes[2].

Conséquences et Réactions

Les actions de Kaïs Saïed ont été largement critiquées comme un retour à l’autoritarisme. La Tunisie, autrefois citée en exemple pour sa transition démocratique post-révolution, est désormais perçue comme un État dirigé de manière autocratique. Les institutions démocratiques ont été disloquées, et le pays est plongé dans un climat de peur et de répression[2][4].

En résumé, Kaïs Saïed a utilisé la crise socio-économique et le mécontentement populaire pour justifier son accaparement du pouvoir. Ses actions ont entraîné un démantèlement des acquis démocratiques de la révolution tunisienne et ont plongé le pays dans une nouvelle ère d’autoritarisme.

A suivre…

Citations:
[1] https://www.frstrategie.org/publications/notes/tunisie-coup-force-kais-saied-un-coup-etat-constitutionnel-2021
[2] https://www.jeuneafrique.com/1355902/politique/tunisie-comment-kais-saied-a-pris-en-otage-la-democratie-par-marwane-ben-yahmed/
[3] https://www.amnesty.fr/liberte-d-expression/actualites/tunisie-inquietante-derive-autoritaire-kais-saied
[4] https://www.liberation.fr/international/afrique/tunisie-kais-saied-a-reussi-a-agreger-tous-les-mecontentements-pour-renverser-la-democratie-20240517_MNBLKMR22FH5PKNETRFWQMDU5A/

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