Tunisie, Année Zéro: Retour de la Dictature (2)

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Une si douce tyrannie au pays du jasmin

GEW Intelligence Unit

Réactions de la Population Tunisienne aux Mesures de Kaïs Saïed

D’abord soutien, par dépit et par espoir

Une partie significative de la population tunisienne a  d’abord soutenu les mesures de Kaïs Saïed, notamment au début de son coup de force. Ce soutien s’explique par le mécontentement général envers la classe politique précédente et les crises socio-économiques et sanitaires que le pays traversait. Beaucoup de jeunes, en particulier, ont célébré les actions de Saïed dans les rues, voyant en lui un espoir de changement et de réforme[1]. Des manifestations de soutien ont eu lieu à plusieurs reprises, y compris en mai 2024, où des centaines de personnes ont exprimé leur appui au président malgré une vague d’arrestations d’opposants[3].

Opposition et Critiques

En revanche, une autre partie de la population, notamment les partisans du parti islamiste Ennahda et d’autres opposants politiques, y compris les libéraux et la gauche, a dénoncé les actions de Saïed comme un coup d’État et une dérive autoritaire. Ces opposants ont organisé des manifestations pour réclamer le respect des droits et libertés et pour dénoncer la répression croissante[1][4]. Les journalistes, avocats et militants des droits humains ont également protesté contre les arrestations arbitraires et les attaques contre la liberté d’expression[9]. Cela ne faisait que commencer. Le président n’avait pas encore révelé son agenda secret, mais quelques uns des ses proches pouvaient le deviner, et certains ont pris les voiles pendant qu’il était encore temps.

On n’a commencé à saisir pleinement le sens de ses actes, que lorsqu’il a ciblé non pas les opposants — cela allait de soi — mais ses principaux rivaux politiques. Et comment ! Il ne pourrait pas faire une campagne électorale tranquille (2024) sans se débarrasser des plus bruyants. Vous pensez qu’il visait les Islamistes? Bien sûr, d’abord le cheikh Rachid al-Gannouchi (plus de 80 ans, toujours en prison, sans jugement). Mais pas que lui. Les destouriens n’y ont pas échappé. Notamment leur leader, l’avocate Abir Moussi (toujours en prison). D’autres vont suivre. La police politique est redevenue l’acteur principal et la main de fer de Monsieur le président, comme au “bon vieux temps”.  La mémoire de ceux qui ont été réveillés – du temps de Ben Ali ou Bourguiba –  à n’importe quelle heure et arrachés à leur lit devant leur famille est tatouée, à jamais. On n’oublie rien. Bourdieu, en parlant du système éducatif en France, a inventé le concept de “reproduction” (notamment du savoir). En observant le système politique tunisien, on ne peut que penser à la reproduction aussi… mais de la dictature. Éliminer les adversaires politiques pour rester le seul sur la chaise présidentielle. Quel qu’en soit le prix !

Répression et Réactions Internationales

Les mesures répressives de Saïed, y compris les arrestations de figures médiatiques et politiques, ont suscité des critiques tant au niveau national qu’international. Les chancelleries occidentales, notamment l’Union européenne, la France et les États-Unis, ont exprimé leur inquiétude face à la détérioration des droits humains en Tunisie. En réponse, Saïed a dénoncé ces critiques comme une ingérence étrangère dans les affaires intérieures du pays[4][8].

Climat de Peur et de Division

 

Le climat en Tunisie est marqué par une profonde division. Tandis que les partisans de Saïed continuent de le soutenir, souvent en dénonçant les anciens dirigeants comme des traîtres, les opposants et les défenseurs des droits humains vivent dans un climat de peur et de répression. Les arrestations arbitraires et les accusations de complotisme sont devenues courantes, exacerbant les tensions sociales et politiques[2][5][7].

En résumé, la population tunisienne est profondément divisée face aux mesures de Kaïs Saïed. Si une partie continue de le soutenir en espérant un changement positif, une autre partie dénonce une dérive autoritaire et réclame le respect des droits fondamentaux et des acquis démocratiques de la révolution de 2011.

A suivre…

[1] https://www.frstrategie.org/publications/notes/tunisie-coup-force-kais-saied-un-coup-etat-constitutionnel-2021
[2] https://www.jean-jaures.org/publication/tunisie-le-complotisme-cle-de-voute-de-la-gouvernance-de-kais-saied/
[3] https://www.rfi.fr/fr/afrique/20240520-tunisie-manifestation-de-soutien-au-pr%C3%A9sident-saied-en-pleine-vague-d-arrestations-d-opposants
[4] https://www.jeuneafrique.com/1569016/politique/apres-ses-opposants-kais-saied-veut-aussi-faire-taire-les-pays-etrangers/
[5] https://www.courrierinternational.com/article/politique-repression-en-tunisie-ben-ali-n-avait-pas-ose-kais-saied-l-a-fait
[6] https://www.aa.com.tr/fr/monde/tunis-les-partisans-du-pr%C3%A9sident-manifestent-contre-ling%C3%A9rence-%C3%A9trang%C3%A8re-dans-les-affaires-de-la-tunisie/3223945
[7] https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/2023/07/human-rights-under-assault-two-years-after-president-saieds-power-grab/
[8] https://www.lopinion.fr/international/tunisie-letat-paranoiaque-de-kais-saied
[9] https://www.jeuneafrique.com/1572027/politique/les-journalistes-tunisiens-vent-debout-contre-la-repression-de-kais-saied/

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